Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’or et de l’argent comme marchandise, il en parle comme monnaie.

Toute sa logique, si logique il y a, consiste à escamoter la qualité qu’ont l’or et l’argent de servir de monnaie, au bénéfice de toutes les marchandises qui ont la qualité d’être évaluées par le temps du travail. Décidément il y a plus de naïveté que de malice dans cet escamotage.

Un produit utile, étant évalué par le temps de travail nécessaire à le produire, est toujours acceptable en échange. Témoin, s’écrie M. Proudhon, l’or et l’argent, qui se trouvent dans mes conditions voulues « d’échangeabilité ». Donc l’or et l’argent — c’est la valeur arrivée à l’état de constitution, c’est l’incorporation de l’idée de M. Proudhon. Il est on ne peut plus heureux dans le choix de son exemple. L’or et l’argent, outre la qualité qu’ils ont d’être une marchandise, évaluée comme toute autre marchandise par le temps du travail, ont encore celle d’être agent universel d’échange, d’être monnaie. En prenant maintenant l’or et l’argent comme une application de la « valeur constituée » par le temps du travail, rien de plus facile que de prouver que toute marchandise dont la valeur sera constituée par le temps du travail sera toujours échangeable, sera monnaie.

Une question toute simple se présente à l’esprit de M. Proudhon. L’or et l’argent, pourquoi ont-ils le privilège d’être le type de la « valeur constituée » ?