Page:Marx - Misère de la philosophie.djvu/183

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distinguer les hommes des diverses professions, quand ils sont parvenus à la maturité de l’âge, ne sont pas tant la cause que l’effet de la division du travail. » Dans le principe, un portefaix diffère moins d’un philosophe qu’un mâtin d’un lévrier. C’est la division du travail qui a mis un abîme entre l’un et l’autre. Tout cela n’empêche pas M. Proudhon de dire, dans un autre endroit, qu’Adam Smith ne se doutait même pas des inconvénients que produit la division du travail. C’est encore ce qui lui fait dire que J.-B. Say a le premier reconnu « que dans la division du travail, la même cause qui produit le bien engendre le mal ».

Mais écoutons Lemontey : Suum cuique.

« M. J.-B. Say m’a fait l’honneur d’adopter dans son excellent traité d’économie politique, le principe que j’ai mis au jour dans ce fragment sur l’influence morale de la division du travail. Le titre un peu frivole de mon livre ne lui a sans doute pas permis de me citer. Je ne puis attribuer qu’à ce motif le silence d’un écrivain trop riche de son propre fonds pour désavouer un emprunt aussi modique. » (Lemontey, Œuvres complètes, tome Ier, p. 245, Paris, 1840.)

Rendons-lui cette justice : Lemontey a spirituellement exposé les conséquences fâcheuses de la division du travail telle qu’elle est constituée de nos jours, et M. Proudhon n’a rien trouvé à y ajouter. Mais puisque, par la faute de M. Proud-