Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, I.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

menues expériences leurs utopies sociales, de fonder des phalanstères isolés, de faire de la colonisation intérieure, d’établir de petites Icaries[1]. Ils refont des éditions minuscules de la nouvelle Jérusalem. Or pour bâtir sur un sol réel ces châteaux en Espagne, il leur faut faire appel au cœur et au sac d’écus de la philanthropie bourgeoise. Peu à peu, ils passent à l’une des catégories de socialistes réactionnaires ou conservateurs plus haut décrites, et ils ne s’en distinguent que par un pédantisme plus systématique et par une foi fanatique et superstitieuse dans les effets merveilleux de leur science sociale.

C’est pourquoi ils s’opposent avec acharnement à tout mouvement politique des ouvriers. Car de tels mouvements supposeraient un manque de foi aveugle dans le nouvel évangile.

Les owenites anglais font, pour cette raison, de la réaction contre le chartisme, comme les fouriéristes français en font contre le réformisme.

  1. Owen appelle colonies à l’intérieur (home-colonies) ses sociétés communistes modèles. On appelait phalanstères les palais sociaux projetés par Fourier.

    On désigna du nom d’Icarie le pays imaginaire et utopique, dont Cabet décrit les institutions communistes. [Note de F. Engels.]