Page:Massillon - Sermons et morceaux choisis, 1848.djvu/256

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paroles. Au sortir de ce temple et de cette autre sainte Sion, vous allez rentrer dans Babylone ; vous allez revoir ces idoles d’or et d’argent, devant lesquelles tous les hommes se prosternent ; vous allez retrouver les vains objets des passions humaines, les biens, la gloire, les plaisirs, qui sont les dieux de ce monde, et que presque tous les hommes adorent ; vous verrez ces abus que tout le monde se permet ; ces erreurs que l’usage autorise ; ces désordres dont une coutume impie a presque fait des lois. Alors, mon cher auditeur, si vous voulez être du petit nombre des vrais Israélites, dites dans le secret de votre cœur : C’est vous seul, ô mon Dieu ! qu’il faut adorer : Te oportet adorari, Domine ; je ne veux point avoir de part avec un peuple qui ne vous connaît pas ; je n’aurai jamais d’autre loi que votre loi sainte ; les dieux que cette multitude insensée adore ne sont pas des dieux ; ils sont l’ouvrage de la main des hommes ; ils périront avec eux ; vous seul êtes l’immortel, ô mon Dieu ! et vous seul méritez qu’on vous adore : Te oportet adorari, Domine. Les coutumes de Babylone n’ont rien de commun avec les saintes lois de Jérusalem ; je vous adorerai avec ce petit nombre d’enfants d’Abraham, qui composent encore votre peuple au milieu d’une nation infidèle ; je tournerai avec eux tous mes désirs vers la sainte Sion : on traitera de faiblesse la singularité de mes mœurs ; mais heureuse faiblesse, Seigneur, qui me donnera la force de résister au torrent et à la séduction des exemples ! et vous serez mon Dieu, au milieu de Babylone, comme vous le serez un jour dans la sainte Jérusalem : Te oportet adorari, Domine. Ah ! le temps de la captivité finira enfin ; vous vous souviendrez d’Abraham et de David ; vous délivrerez votre peuple ; vous nous transporterez dans la sainte cité ; et alors vous régnerez seul sur Israël, et sur les nations qui ne vous connaissent pas ; alors tout étant détruit, tous les empires, tous les sceptres, tous les monuments de l’orgueil humain étant anéantis, et vous seul demeurant éternellement, on connaîtra que vous seul devez être adoré : Te oportet adorari, Domine.

Voilà le fruit que vous devez retirer de ce discours : vivez