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sieur l’administrateur de l’église de Kébecq oppose au langage calme et modéré du Révérend Père Gardien, si je me remets bien, ce quelqu’un a aussi certifié que celui qui se servira de l’épée périra par l’épée. J’ai écouté avec attention vos considérations d’ordre spirituel, mais je crains bien qu’elles ne m’aient pas convaincu. Il y a d’autres moyens que la violence de dissiper l’erreur et si l’Europe s’est insurgée contre l’atroce formule « crois ou meurs », ce n’est pas à des Chrétiens de rivaliser d’intolérance avec les disciples de Mahomet. Noblesse oblige !

— Alors, vous soutenez qu’il faille, par équanimité, essuyer tous les opprobres, présenter sans cesse l’autre joue ?

— Non pas, non pas, réplique vivement monsieur de Chambly, que cette façon tortue de discuter agace de plus en plus, je parle d’une paix honorable que les habitants de ces colonies aient intérêt commun à maintenir. Cet état continuel de guerre ne s’inspire pas, je le crains, de l’éthique chrétienne. On a remplacé la houlette du Bon Pasteur par le tomohawk du sauvage, et nous parlons de civilisation, d’évangélisation !

Monsieur des Maizerets est maintenant tout à fait monté. Ce qui l’exaspère davantage c’est que le Père Denys, ce personnage qu’auréole la faveur populaire, paraît dédaigner de croiser avec lui le fer de la discussion, et qu’il lui faut se résigner à brûler sa poudre à un moineau, à un gentilhomme à première semelle, à ce hobereau de Hertel. Comme ce dernier ne se laisse pas déconcerter par la qualité de son interlocuteur, Monsieur des Mazerets, disciple d’Escobar, tâche à le désarçonner en l’attirant dans quelque guet-apens cavilleux :-