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Deux des enfants n’étaient pas à la maison, dans le moment : Alphonse, un solide gars de dix-sept ans, était à équarrir du bois de charpente à Bécancourt, et Hector était allé pêcher la petite morue au chenal Le Tardif. Il restait à la maison, à part Hélène, deux filles de huit et six ans respectivement dont l’une, Louise, était à habiller une catin informe tandis que l’autre, Marguerite, taquinait son jeune frère, poupon d’un an, qui faisait la grasse matinée dans son ber, près de la huche

Madame Maugras, malgré ses va-et-vient et les multiples soins du ménage, ne parvenait pas à dissimuler son anxiété :

— Vois-tu, Paulin, j’ai maigre confiance dans ce Pariseau. C’est un Bastonnais et un Bastonais, c’est comme un loup-cervier, ça peut se dompter, mais ça ne s’apprivoise pas. Sait-on même s’il a jamais été baptisé ?

— Bédame ! faut pas être plus particulier que son bourgeois. Monsieur de Saint-François. Si le seigneur l’a adopté et lui témoigne sa confiance, c’est qu’il doit avoir de bonnes raisons. Il n’a pas coutume de faire des embardées. Faut toujours pas prétendre enseigner aux poissons à nager, comme dit le Père Bigot…

— Comme tu voudras, mais on ne m’ôtera pas de l’idée que ce Pariseau ou Parsonne, à ce qu’on dit, est un cou tors à ne pas hanter. Tout à l’heure, en partant, il a jargonné des paroles incomprenables que la jument s’est mise à trembler comme si elle avait les avives !

— Voyons, voyons, tu t’inquiètes sans raison, ma pauvre Sophie ; le seigneur doit avoir quelque travail à confier à Philippe… Il me semble même avoir entendu dire qu’il y a des radoubs à faire à l’intérieur de ses bâtiments.