Page:Maupassant - Chine et Japon, paru dans Le Gaulois, 3 décembre 1880.djvu/9

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Les pantomimes chinoises sont remplies d’allégories philosophiques. En voici une :

L’Océan, à force de rouler ses flots sur les rivages, devint amoureux de la Terre, et, pour obtenir ses faveurs, lui offrit en don les richesses de son royaume. Alors les spectateurs ravis voient sortir du fond des mers des dauphins, des phoques, des marsouins, des crabes monstrueux, des huîtres, des perles, du corail vivant, des éponges, mille autres bêtes et mille autres choses qui suivent, en dansant un petit pas de caractère, une immense et superbe baleine.

La Terre, de son côté, pour reconnaître cette politesse, offre ce qu’elle produit : des lions, des tigres, des éléphants, des aigles, des autruches, des arbres de toute espèce, et un ballet formidable commence, d’une gaieté folle et d’une fantaisie charmante. La baleine, enfin, s’avance vers le public en roulant des yeux : elle semble malade, bâille, ouvre la bouche… et lance sur le parterre un jet d’eau gros comme un fleuve, une trombe, une inondation. Et le public trépigne, applaudit, crie : « Charmant, délicieux ! » ce qui, en chinois se dit : « Hao ! Koung-Hao ! »