Page:Maupassant - Chronique, paru dans Le Gaulois, 2 mai 1882.djvu/4

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Où sont les souples valets de Molière ; et Scapin, et tous ses frères si subtils, rusés, joyeux, toujours prêts à ouvrir aux galants les portes secrètes, et contents, comme il convient, quand le maître se trouvait dandinisé à outrance.

Ceux de Sablé ont l’air de sortir d’une pièce honnête de M. Scribe (avez-vous remarqué que Scribe reste « monsieur » après sa mort ?) ; ils ont des sentiments honnêtes à revendre, et même de l’héroïsme à profusion.

Ils s’aperçoivent qu’un étranger pénètre mystérieusement dans le manoir, et ils s’en vont, à deux, en grande cérémonie, trouver le seigneur qui se couche : « Monsieur le duc, disent-ils ensemble, il y a un voleur dans le château. »

Un voleur ! que de délicatesse, de finesse, de savoir-vivre, de discrétion pour des valets !