Page:Maupassant - Enthousiasme et Cabotinage, paru dans Le Gaulois, 19 mai 1881.djvu/3

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J’aime cette actrice de grand talent, mais dont le talent réside surtout en sa voix, comme ce chat des contes de fées, dont le pouvoir habitait en sa queue. Cette voix, dit-on, est d’or ; c’est là une image, je suppose, pour exprimer qu’elle en rapporte, et beaucoup, à sa propriétaire. Non pas que la délicate artiste fasse ce qu’elle veut de sa voix, à la façon de Robert Macaire, car elle ne l’emploie, au contraire, que d’une seule manière, toujours la même, dans toutes les pièces, dans tous les rôles ; mais le charme de cet organe et la séduction de la femme sont aussi toujours les mêmes, et si puissants qu’ils remplacent le reste. Voici donc une actrice d’un mérite incontestable qui cependant échoua, en partie, dans l’œuvre d’un maître, l’an dernier. La critique, bien douce pourtant, bien aimable et bien galante pour une si exquise diseuse de