Page:Maupassant - La Lysistrata moderne, paru dans Le Gaulois, 30 décembre 1880.djvu/3

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On ne rit plus. C’est que le vrai rire, le grand rire, celui d’Aristophane, de Montaigne, de Rabelais ou de Voltaire ne peut éclore que dans un monde essentiellement aristocratique. Par « aristocratie » je n’entends nullement parler de la noblesse, mais des plus intelligents, des plus instruits, des plus spirituels, de ce groupement de supériorités qui constitue une société. Une république peut fort bien être aristocratique, du moment que la tête intelligente du pays est aussi la tête du gouvernement.

Ce n’est point le cas parmi nous. Mais le plus grave, c’est qu’une telle débandade existe, que les salons parisiens eux-mêmes ne sont plus que des halles à propos médiocres, si désespérément plats, incolores, assommants, odieux, qu’une envie de hurler vous prend quand on écoute cinq minutes les conversations mondaines.