Page:Maupassant - Le Pays des Korrigans, paru dans Le Gaulois, 10 décembre 1880.djvu/7

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Enfin, suivant toujours la côte entre la lande et l’Océan, vers le soir, du sommet d’un tumulus, j’aperçus devant moi les champs de pierres de Carnac.

Elles semblent vivantes, ces pierres ! Alignées interminablement, géantes ou toutes petites, carrées, longues, plates, avec des figures, de grands corps minces ou de gros ventres ; quand on les regarde longtemps on les voit remuer, se pencher, vivre !

On se perd au milieu d’elles, un mur parfois interrompt cette foule humaine de granit ; on le franchit et l’étrange peuple recommence, planté comme des avenues, espacé comme des soldats, effrayant comme des apparitions.

Et le cœur vous bat ; l’esprit malgré vous s’exalte, remonte les âges, se perd dans les superstitieuses croyances.