Page:Maupassant - Les Héros modestes, paru dans Le Gaulois, 1er mars 1882.djvu/11

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refusèrent de l’accompagner ; enfin il rencontra quatre gaillards déterminés, qui montèrent avec lui dans un canot et partirent. Vingt fois on les crut perdus ; enfin ils abordèrent le navire : Poret saisit une corde, et entre deux lames grimpa sur le pont. Il portait entre ses dents un couteau grand ouvert, et, cramponné aux moindres objets, il laissait passer sur lui les flots monstrueux. Enfin il s’engagea sous la voile ; mais soudain le plancher se déroba sous lui et il tomba dans la cale inondée, dont il n’avait pu voir l’ouverture. Il se crut perdu ; il put cependant, à force d’énergie, ressaisir l’orifice du trou et remonter. Mais, dans sa chute, son couteau lui avait échappé, et, quand il atteignit l’homme alors sans connaissance, c’est avec ses dents qu’il fut obligé d’ouvrir les doigts crispés sur un cordage.