Page:Maupassant - Étretat, paru dans Le Gaulois, 20 août 1880.djvu/3

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bruyères et d’ajoncs s’étendent dans tous les sens ; et souvent, au détour d’un sentier, on aperçoit là-bas, dans une échancrure profonde, la vaste mer bleue, éclatante de lumière, avec une voile blanche à l’horizon.

On marche dans la senteur des côtes marines, fouetté par l’air léger du large, l’esprit perdu, le corps heureux de toutes ces sensations fraîches, quand des rires vous font tourner la tête ; et des femmes élégantes, à la taille mince, au grand chapeau de paille tombant sur les yeux, semant dans la brise saine leurs parfums troublants de Parisiennes, passent, joyeuses, à vos côtés.

N’allez point croire toutefois, ô jeunes gens frivoles qui, poursuivant Vénus jusqu’à son flot natal, ne recherchez dans les stations balnéaires qu’aventures galantes et liaisons éphémères, qu’Étretat soit pour vous un Eldorado.

Sans doute l’amour tient, comme partout, une large place sur le rivage coquet d’Étretat ; et, si le docteur de Miramont, l’aimable médecin des bains, garde sur sa figure malicieuse un sourire que rien n’efface, cela tient, assure-t-on, aux confidences que lui font certaines de ses belles clientes.

Mais le scandale est à peu près inconnu sur les rivages que découvrit Alphonse Karr, et, s’il arrive qu’un lovelace havrais