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ACCORD
DE DIFFÉRENTES LOIX DE LA NATURE
Qui avoient juʃqu’ici paru incompatibles.
Par M. de Maupertuis.

On ne doit pas exiger que les différens moyens que nous avons pour augmenter nos connoiſſances, nous conduisent aux mêmes vérités, mais il ſeroit accablant de voir que des propoſitions que la Philoſophie nous donne comme des vérités fondamentales, ſe trouvaſſent démenties par les raiſonnemens de la Géométrie, ou par les calculs de l’Algèbre.

Un exemple mémorable de cette contradiction tombe ſur un ſujet des plus importans de la Phyſique.

Depuis le renouvellement des Sciences, depuis même leur première origine, on n’a fait aucune découverte plus belle que celle des loix que ſuit la lumière, ſoit qu’elle ſe meuve dans un milieu uniforme, ſoit que rencontrant des corps opaques elle ſoit réfléchie par leur ſurface, ſoit que des corps diaphanes l’obligent de changer ſon cours en les traverſant. Ces loix ſont les fondemens de toute la ſcience de la lumière & des couleurs.

Mais j’en ferai peut-être mieux ſentir l’importance, ſi, au lieu de préſenter un objet ſi vaſte, je m’attache ſeulement à quelque partie, & n’offre ici que des objets plus bornez & mieux connus ; ſi je dis que ces loix ſont les principes ſur leſquels eſt fondé cet art admirable qui, lorſque dans le vieillard tous les organes s’affoibliſſent, ſçait rendre à ſon œil ſa première force, lui donner même une force qu’il n’avoit pas reçue de la Nature ; cet art qui étend notre vûe juſque dans les derniers lieux de l’eſpace, qui la porte juſque ſur les plus