Page:Melegari - Le Livre de l'espérance, 1916.djvu/205

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l’avait été Tolstoï pour la souffrance humaine.

Mais l’écrivain russe a été apparemment mieux compris que l’écrivain anglais, car ce dernier s’adressait, sans le vouloir, à l’élite intellectuelle que le scepticisme dévorait en tous pays, et l’on a pu croire longtemps qu’à son appel les âmes n’avaient pas répondu. En effet, elles étaient pour la plupart restées muettes. Certaines semences en certaines terres mettent longtemps à lever, puis, tout à coup, des floraisons inattendues se produisent.

Du reste, on doit avouer que pour rendre aux héros un culte vivant, il faut avoir l’occasion d’en rencontrer sur sa route, et nous devions remonter trop loin dans le passé pour nous trouver face à face avec ces grandes figures. En outre, chaque génération a des idées spéciales sur toutes les manifestations de la vie. Il nous fallait un héroïsme qui répondit à nos besoins, à nos notions de bravoure et de noblesse ; nous avons été, il convient de le reconnaître, amplement et généreusement servis.