Page:Mercure de France, t. 77, n° 278, 16 janvier 1909.djvu/159

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REVUE DE LA QUINZAINE glish Prosody from the Twelfth Gentury to the Present Day. Seuls deux volumes ont paru, le premier allant From the Origins to Spcnser et le second From Shakespeare to Crabbe. M algré le style parfois déconcertant de l’auteur, l’ouvrage est infiniment précieux et lorsque le troisième et dernier volume, actuellement sous presse, aura paru, nous espérons pouvoir revenir un peu longuement sur l’œuvre entière. Lorsqu’une connaissance parfaite de (a langue procure le plaisir de lire couramment un poème, et qn’une infaillible maîtrise des règles prosodiques donne le droit d’apprécier la forme, quand on est capable de goûter la beauté des images et l’harmonie du vers, il n’est pas indifférent, surtout s’il s’agit d’un génie consacré par le juge­ ment de la postérité, de s’instruire sur l’homme, sur sa vie, son caractère, son œuvre. Les grands poètes de jadis ont été l’objet de patientes études, de la part de biographes et de critiques plus ou moins respectueux et impartiaux, de sorte quo parfois on les discute comme des événements marquants dans l’histoire du monde. On a ainsi consacré à Byron, à Shelley, à Keats de nombreux et copieux volumes. Pour ces deux derniers poètes, nous devons une reconnais- Fance spéciale à Mr H. Buxton Forman, dont les études biographi­ ques font autorité. Après des éditions critiques admirables, de Shelley et de Keats, il vient de publier, par les soins de l’Oxford University Press, une édition complète, en un volume, des œuvres poétiques de l’auteur d’Endymion. Le texte est minutieusement établi, avec en notes les variantes des manuscrits, et il est précédé d’une longue et magistrale introduction. Pour qui n’a pas les grandes éditions de bibliothèque, c ’est ce recueil définitif des Pootical Works ofJohn Keats qui se recommande. C’est grâce aux patients et savants travaux d’érudits qui se spé­ cialisent, comme Mr Buxton Forman, que sont possibles des « bio­ graphies littéraires » telles que celle de Mr Albert Elmer Hancock. L’étude quo ce critique américain consacre à John Keats est intéressante à la fois par ses qualités et par ses défauts. Ceux-ci tiennent à l’attitude particulière quo Mr Hancock adopte vis-à -vis do son su jet et qui diffère de celle que prend habituellement la critique européenne. Les qualités sont évidentes : l’auteur a su discerner judicieusem ent entre les sources sûres et les suspectes, et il s’efforce avec justice de rattacher Keats à la Renaissance; parce que, pour exprim er son paganisme, Keats a recours parfois à la mythologie classique, des critiques malavisés veulent à toute force quo l’art du poète soit grec, alors que la poésie de Keats a «les défauts qu’une étude d e s classiques grecs eût rendus impossibles et des qualités que les G recs ignoraient. Le livre de Mr Hancock peut prendre place à côté de la délicate et parfaite monographie de Mr Sidney Colvin.