Page:Mercure de France, t. 77, n° 278, 16 janvier 1909.djvu/47

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LE MASQUE DE FER à toute heure dans ses divertissements et ses plus secrètes occupations, etc. » Et « le roi a tiré du cloître, pour en faire un abbé, à la recommandation de madame Pélectrice de Ba­ vière...le père Pregnani,théatin »,quipossède àfond l’astro­ logie, « quilui donna on grand nom dans Paris »; le duc de Monmouth l’a vu souvent ici et en a été enchanté. Bref, on envoie l’abbé Pregnani à Londres pour servir d’espion à la cour de Charles II;l’ambassadeur ne doit rien lui cacher. En effet, Colbert de Croissy se flatte, dans ses lettres à Lionne,d’avoir bien mis l’abbé au courant de tout, cependant que Charles, dans sa lettre à Madame, du 7 mars 1669, dit : « J’oubliais de vous dire que j’ai trouvé voire ami, l’abbé Pregnany, homme très ingénieux en toutes choses sur les­ quellesj’ai causé avec lui et je lui ai trouvé grande intelligence (wit),mais vous pouvez être sûre que je n’irai pas plus loin avec lui que suivant votrecaractère ». La théoriede Mgr. Bar­ nes est donc que l’abbé Pregnani n’est autre que Jacques de la Cloche et que Charles II s’amuse à « rouler » à la fois sa sœur et les ministres de Louis XIV. On pourrait,il est vrai, objecter que cet abbé Pregnani semble avoirété connu à Paris bien avant janvier-mars 1669 et que par suite il ne saurait être Jacques delà Cloche qui, enjanvier, arrivaità Londres directe­ ment de Rome. Bien qu’à mon sens cette objection soit fondamentale, voici eü tout cas la suite des aventures de l’abbé. Il fréquente la Cour, voit souvent le roi, fait, lors des courses de chevaux à Newmarket, en mars 1669, des pronostics qui le couvrent de ridicule, lui aliènent le duc de Monmouth et font douter de son utilité diplomatique d’abord Colbertde Croissy, puis Lionne : « Ce n’est pas [d’ailleurs] qu’il manque d’adresse et de zèle pour te service du Roy, mais c’est qu’il n’y a personne ici qui agisse dans la veine du bien public » (lettre de Colbert deCroissy à Lionne, du i3 mai *669). Dans les lettres de Charles à Madame, on voit les intrigues politico-religieuses se nouer de plus en plus. Le 17 juin, lettres de Colbert de Croissy à son frère et à Lionne pour s’excuser de n’avoir pas encore communiqué à l’abbé Pregnani les trois lettres de Lionne ordonnant son retour eu France. Illui communique l’ordre ce jour même. Le 24juin (4 juillet français), lettre de Charles II à Henriette disant : « Je