Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/109

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lit du fleuve est formé de terre glaise, ce qui devait ajouter aux difficultés du passage. Les Turcs appellent le Granique Out-svola-sou. À sept ou huit milles du Granique, vers le nord coule l’Œsepus : il est plus considérable que le Granique, et se perd dans la mer de Marmara par deux embouchures. Les Turcs l’appellent Satali-Déré, fleuve de Satali, du nom d’une belle vallée qu’il arrose. Strabon place près de l’embouchure de l’Œsepus le bourg de Memmon. C’est dans ce même lieu qu’était placé, d’après Quintus de Smyrne, le tombeau de Memnon, fils de Titon et de l’Aurore, tué par Achille dans la ville de Troie. « Les Zéphirs, dit le poète, déposèrent le corps du héros éthiopien sur les rivages enchantés où l’Œsepus roule ses eaux profondes : auprès du fleuve était un bosquet délicieux et chéri des Nymphes. Ce fut là que les Nymphes érigèrent un monument funèbre. » Le bourg et le tombeau sont remplacés par un beau tchifflik bâti sur la branche septentrionale du fleuve. Un troisième fleuve, sorti, comme les deux autres, des flancs du mont Ida, se jette à quelques lieues de l’Œsepus dans le golfe de Cisyque ; les anciens géographes le nommaient Tartius et les Turcs Tahiro-oa-Sou.

Ce qui me charme dans mon voyage lointain, c’est de retrouver les montagnes, les plaines, les fleuves, que les hommes ont associés à leur gloire et à leur renommées. Voilà ce qui m’attire et ce qui