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COMME JADIS…

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Ma chère petite sœur, si l’hiver vous est particulièrement pénible, ne serait-ce pas que votre santé est altérée ? J’eusse aimé que la sollicitude du cher Père Chassaing se portât de ce côté-là.

Les jeunes filles se marient-elles si jeunes au Canada, qu’à vingt-deux ans il faille se décider en hâte à abandonner le célibat ? Je préfère que Jo. Valiquette ne vous plaise pas, car, au contraire du Père Chassaing, il me semble ne pas vous convenir J’ai fini par vous identifier si bien avec Herminie de Lavernes que, seul, un preux des anciens jours me paraîtrait digne de vous.


Je suis de retour à Noulaine, en plein printemps beauceron. Je me sens seul, soudain livré à moi-même. Mais je me défends bien, car il me semble que, malgré tant de difficultés, de ténèbres, peu à peu, j’arrive à tracer, à marquer ma voie. Je demeure en correspondance active avec Maignan. Il me dirige, il me prépare. Si vous saviez tout le bien qu’il y a à faire ici, à la campagne, et à deux pas de Noulaine, à Étampes ! Nous ne tenterons rien avant mon retour du Canada. D’ici là, je ferai quelques travaux d’approche pour grouper les bonnes volontés. Ce n’est pas ce qui manque, Dieu merci ! dans notre beau pays de France.