Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/396

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Soit timidité, soit sagesse et déférence pour Danton, pour Robespierre et les chefs de la Montagne, la Commune était restée parfaitement immobile. Le maire Pache, hier Girondin, aujourd’hui Jacobin, bien plus, siégeant à la Ville près d’Hébert et de Chaumette, hésitait sans doute encore à autoriser le massacre des amis qu’il quittait à peine, des Girondins, de Roland, qui l’avaient fait (de fils d’un portier qu’il était) ministre et maire de Paris. Hébert, Chaumette et Jacques Roux en voulaient infiniment à l’audace du petit Varlet et de sa bande, qui, sans leur aveu, se masquant en Jacobins, avaient essayé le matin d’entraîner les Gravilliers. Les sections n’avaient pas bougé ; on avait seulement dit, à la section Poissonnière, que les choses n’iraient pas bien si l’on n’arrêtait deux cents membres. Celle de Bonconseil, menée par Lhuillier, confident de Robespierre, et qui exprimait presque toujours sa pensée, servit de régulateur et dit exactement ce que Robespierre voulait : « Qu’on arrêtât (non pas deux cents membres, mais seulement) les Girondins. »

Que faisait le faubourg Saint-Antoine ? Son mouvement eût tout décidé ; Santerre eût suivi le faubourg, et tout eût suivi Santerre. Le général-brasseur attendit dans sa brasserie. Le soir, voyant que l’honnête faubourg restait paisible à ses foyers, il vint enfin à la Ville, bredouilla un discours inintelligible qui avait au moins deux sens.

Le vent ayant décidément tourné contre l’insur-