Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/66

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petite ville, où l’assemblée, dit-il, est toujours de six ou sept cents. La société fraternelle d’hommes et de femmes, qui siégeait dans un local tout voisin, vient se plaindre aussi de sa solitude, demander aide et conseil.

La terreur seule, la crainte de l’excommunication jacobine pouvait rendre force à la société. Il lui restait une grande autorité dans l’opinion ; elle en usa hardiment pour intimider la Convention, ne frappant, il est vrai, que des députés jacobins, ne réclamant de juridiction que sur ses propres membres, mais de manière à imprimer en tous la terreur de ses justices.

L’expérience se fait sur Fauchet. Ce personnage léger, chimérique, qui se croyait à la fois révolutionnaire et chrétien, évêque du Calvados, et comme tel, peu en rapport avec ses confrères de la Gironde (voltairiens en majorité), est le premier des Girondins que les Jacobins frapperont. C’est comme un membre extérieur de la Gironde auquel on s’attaque d’abord. Son crime était d’avoir demandé un passeport pour le ministre Narbonne au comité de défense générale : « Un passeport ! avait dit Bernard (de Saintes), président du comité ; un passeport ! je viens d’expédier celui qu’il mérite, et c’est un mandat d’arrêt. » Fauchet alors se troubla, balbutia ; en réalité, il ne connaissait pas Narbonne, mais il soutint, ce que personne ne crut, que le passeport lui avait été demandé pour Narbonne par une personne inconnue. Aux Jacobins, il nia et fut convaincu. Fauchet sans