Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/164

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que le grand nombre de nos lois est compensé par le grand nombre de privilèges qu’admettait leur législation. Les privilèges ne faisaient point exemple, on devait (je ne dis point, on pouvait) n’y avoir aucun égard dans les autres cas qui se présentaient. Au contraire, nos lois de détails étendent leur autorité par voie de conséquence.

Vico montre ensuite qu’on doit ne pas se contenter d’étudier le droit romain en lui-même, comme les disciples d’Alciat, encore moins l'appliquer d’une manière forcée à la jurisprudence moderne, comme l'avaient fait auparavant les disciples d’Accurse. Il établit la nécessité de mettre en harmonie le droit avec la constitution politique des monarchies modernes, et indique quel secours le droit peut tirer de l'histoire. Il faut, dit-il, chercher la cause politique de chaque loi romaine, et examiner ce que peut en emprunter notre jurisprudence. Il faut comparer la monarchie romaine avec les nôtres… et définir les termes du droit d’une manière conforme à la nature de notre gouvernement. Qu’est-ce que le droit ? l’art de protéger l’intérêt public. Qu’est-ce que le droit pris dans le sens du juste ? l’utile. Qu’est-ce que le droit naturel ? l’utilité de l’individu. Le droit des gens ? l’utilité des nations. Le droit civil ? l’utilité de la cité. Pourquoi un droit naturel ? pour que l'homme vive. Pourquoi un droit des gens ? pour que l’homme vive avec facilité et sûreté. Pourquoi un droit civil ? pour que l’homme vive heureux. Quelle est la loi suprême que l’on doit toujours suivre dans l’interprétation des autres ? la grandeur de la monarchie, le salut du prince, la gloire de l’un et de l’autre.

Après avoir donné les motifs politiques de plusieurs