Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/372

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suffire aux intelligences. Mais en attendant, ils se gouvernèrent par la certitude de l’autorité, par le sens commun du genre humain (criterium de notre critique métaphysique), sur le témoignage duquel se repose la conscience de toutes les nations (axiome 9). Ainsi, sous un autre aspect, la science nouvelle devient une philosophie de l’autorité, source de la justice extérieure, pour parler le langage de la théologie morale. Les trois principaux auteurs qui ont écrit sur le droit naturel (Grotius, Selden et Puffendorf), auraient dû tenir compte de cette autorité, plutôt que de celles qu’ils tirent de tant de citations d’auteurs. Elle a régné chez les nations plus de mille ans avant qu’elles eussent des écrivains ; ces écrivains n’ont donc pu en avoir aucune connaissance. Aussi Grotius, plus érudit et plus éclairé que les deux autres, combat les jurisconsultes romains presque sur tous les points ; mais les coups qu’il leur porte ne frappent que l’air, puisque ces jurisconsultes ont établi leurs principes de justice sur la certitude de l’autorité du genre humain, et non sur l’autorité des hommes déjà éclairés.

Telles sont les preuves philosophiques qu’emploiera cette science. Les preuves philologiques doivent venir en dernier lieu ; elles peuvent se ramener toutes aux sept classes suivantes : 1° Notre explication des fables se rapporte à notre système d’une manière naturelle, et qui n’a rien de pénible ou de forcé. Nous montrons dans les fables l’histoire civile des premiers peuples,

    croyaient leurs dieux composés d’âme et de corps, et par conséquent incapables de pénétrer dans les cœurs. La justice intérieure ne fut connue chez eux que par les raisonnements des philosophes, lesquels ne parurent que deux mille ans après la formation des nations qui les produisirent. (Vico.)