Page:Michelet - Œuvres complètes Vico.djvu/373

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lesquels se trouvent avoir été partout naturellement poètes ; 2° même accord avec les locutions héroïques, qui s’expliqueront dans toute la vérité du sens, dans toute la propriété de l’expression ; 3° et avec les étymologies des langues indigènes, qui nous donnent l’histoire des choses exprimées par les mots, en examinant d’abord leur sens propre et originaire, et en suivant le progrès naturel du sens figuré, conformément à l’ordre des idées dans lequel se développe l’histoire des langues (axiomes 64, 65) ; 4° nous trouvons encore expliqué par le même système le vocabulaire mental des choses relatives à la société[1], qui, prises dans leur substance, ont été perçues d’une manière uniforme par le sens de toutes les nations, et qui, dans leurs modifications diverses, ont été diversement exprimées par les langues ; 5° nous séparons le vrai du faux en tout ce que nous ont conservé les traditions vulgaires pendant une longue suite de siècles. Ces traditions ayant été suivies si longtemps, et par des peuples entiers, doivent avoir eu un motif commun de vérité (axiome 16) ; les grands débris qui nous restent de l’antiquité, jusqu’ici inutiles à la science, parce qu’ils étaient négligés, mutilés, dispersés, reprennent leur éclat, leur place et leur ordre naturels ; 7° enfin tous les faits que nous raconte l’histoire certaine viennent se rattacher à ces antiquités expliquées par nous, comme à leurs causes naturelles. — Ces preuves philologiques nous font voir dans la réalité les choses que nous avons aperçues dans la méditation du monde idéal. C’est la méthode

  1. Voyez l’axiome 22, et le second chapitre du IIe livre, corollaire relatif au mot Jupiter.