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ANTHOLOGIE DES POÈTES DE MONTMARTRE


Voici venir le prétendu
Sous le porche de la Roquette.
Appelant le mâle attendu,
La veuve, à lui s’offre, coquette.
Tandis que la foule, autour d’eux,
Regarde frissonnante et pâle,
Dans un accouplement hideux,
L’homme crache son dernier râle,

Car ses amants, claquant du bec,
Tués dès la première épreuve,
Ne couchent qu’une fois avec
La veuve.

Tranquille, sous l’œil du badaud,
Comme, en son boudoir, une fille,
La veuve se lave à grande eau,
Se devêt et se démaquille.
Impassible, au milieu des cris,
Elle retourne dans son bouge ;
De ses innombrables maris
Elle porte le deuil en rouge.

Dans sa voiture se hissant,
Goule horrible que l’homme abreuve,
Elle rentre cuver son sang,
La veuve.



La musique se trouve chez Rouart, Lerolle et Cie, éditeurs, 18, boulevard de Strasbourg, Paris.