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CONTES POPULAIRES EN ITALIE

ment de la vie à leurs moindres récits. Elles ne se contentent pas, comme les Milanaises, d’aller droit au fait et de servir leur repas sans dessert ni hors d’œuvre. Elles savent développer leurs romans et en compliquer la fabulation.

On peut s’en assurer dans leurs récits les plus courts. Voici par exemple une anecdote et une fable que nous traduisons mot à mot du toscan. L’anecdote est intitulée :

LES TROIS AMIS

Trois amis descendirent un soir dans une petite hôtellerie de campagne ; ils soupèrent frugalement, puis, avant de se coucher, dirent à l’hôtelier qu’ils déjeuneraient le lendemain avant de partir. L’hôtelier répondit qu’il était désolé, mais que cela était impossible : il ne lui restait plus qu’un quart de poule, un petit pain et un verre de vin. Les amis ne furent pas contents, mais désirant qu’un d’eux au moins déjeunât le lendemain, ils décidèrent que celui des trois qui pendant la nuit aurait fait le meilleur ou le plus mauvais songe aurait le droit de se mettre seul à table : l’hôtelier prononcerait. L’un des amis se réveilla dès l’aube, et se sentant de l’appétit descendit à la cuisine où il mangea tout. Les deux autres se levèrent plus tard et racontèrent leurs songes. Le premier avait rêvé qu’il montait au paradis et qu’il y goûtait tous les plaisirs de la béatitude ; l’autre qu’il était précipité dans l’enfer, où il subissait tous les supplices et tous les épouvantements.

— Il est certain, dit l’hôte au premier, que votre songe est très-beau ; il est également certain, dit-il