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SA VIE, SON ŒUVRE


jolis pots de grès ; je parle des fouaces vantées par Rabelais : « avec du raisin, c’est un délicieux mangier, » a écrit l’illustre maître ès gueule.

Je m’arrête, car je pourrais laisser courir ma plume jusqu’à demain sur un tel sujet…

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Après cette lettre à un compatriote, il faut citer eucore les lignes suivantes que j’extrais des Promenades d’un homme de lettres, et qui se rapportent également aux premières années de l’auteur :


Au risque de passer pour un être fabuleusement vieux, — et par ainsi de me nuire auprès de mes lectrices, — je dirai que j’ai vu Cambronne.

Il va sans dire que j’étais bien enfant. C’était à Nantes, quelques années après 1830, sur le cours Saint-Pierre, où l’illustre général passait une revue. — Le cours Saint-Pierre, planté d’arbres, est une des plus belles promenades de Nantes : d’un côté, il borde les bâtitiments de la cathédrale ; de l’autre, la façade du collège des Oratoriens, où Fouché professa, avant d’aller professer à la Convention. À l’une de ses extrémités s’élève une colonne érigée à Louis XVI.

La revue à laquelle il me fut donné d’assister ayant lieu un dimanche avait attiré une grande partie de la population. Mes parents m’avaient placé au premier rang de la foule. Je pus donc examiner Cambronne tout à mon aise. Le souvenir que j’en ai gardé est celui d’un homme fort laid…


Charles Monselet quitta Nantes en 1834, — M. Monselet père ayant cédé à cette époque son cabinet de lecture de la place Graslin pour venir s’établir à Bordeaux.

Ce n’est qu’en 1852 que, tourmenté du désir de revoir sa ville natale et aussi une partie de sa famille demeurée là-bas, attachée au sol, notre Breton reprit le chemin de son berceau : son premier soin fut de courir à la place Graslin.

Je détache quelques lignes d’une lettre de mon père adressée à ses parents et datée de cette époque (24 avril 1852) :