Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/158

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Là, on l’envoya au collége Louis-le-Grand, rue Saint-Jacques, où il se fit remarquer par son aptitude pour les lettres. Nous tenons de ses condisciples de merveilleux récits sur sa facilité à composer, principalement des vers français. Ce n’est cependant pas comme poëte qu’il devait compter, mais enfin il est reconnu depuis longtemps que toutes les natures littéraires se laissent prendre plus ou moins dès l’aurore à cette musique peinte ; pour elles, en effet, c’est ce qu’il y a de plus séduisant & de plus facile ; de plus séduisant, puisque les grandes renommées se rattachent à ce mot magique de poésie ; de plus facile, parce qu’on y trouve plus qu’ailleurs des sentiments notés, des enthousiasmes prévus, une grammaire bienveillante & offrant des lisières aux bras débiles. Au jeune âge, la grande prose, la belle prose, comme disait Buffon, effraye avec ses exigences de faits & de pensées, on ne l’aborde qu’en tremblant & avec embarras ; ou bien on élude la difficulté, on fait ce que l’on appelle de la prose poétique, c’est-à-dire quelque chose d’indécis, de puéril, & qui rappelle le Joseph de Bitaubé.

Le poëte Ourliac ne resta pas longtemps au collége ; il entra dans l’administration des hospices. J’ignore si ce fut un bon employé, mais j’en doute, à cause des relations littéraires qu’il