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Il n’appartient qu’à Hercule de déposer quand il le veut sa massue pour jouer avec des fuseaux.

Le commencement de la Préface du Temple de Gnide contient un de ces mensonges littéraires qui sont devenus si communs. Montesquieu l’aurait fait adopter aisément par la critique, s’il avait mis plus d’intérêt à la persuader. Le Temple de Gnide, publié en France comme un ouvrage original, aurait pu, aux yeux des juges les plus habiles, passer pour un plagiat. C’est une excursion d’Anacréon dans la prose, ou de Xénophon dans le roman.

On a souvent usé du même stratagème, et le public ne s’y est jamais trompé. Il n’est pas donné à tout le monde d’aller à Corinthe, et d’en rapporter des manuscrits grecs comme Le Temple de Gnide.

Cette Préface finit par une de ces ironies charmantes qui ne vont bien qu’au génie. La marotte de la Folie n’est qu’une marotte dans les mains de Rabelais ; mais quand Montesquieu la saisit, c’est presque un sceptre.

Un homme très spirituel disait à une dame qui s’embarrassait dans l’éloge de l’Esprit des Lois :