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DE L’ESPRIT DES LOIS.

Les lois de Moïse furent très-sages. Les homicides involontaires étoient innocents, mais ils dévoient être ôtés de devant les yeux des parents du mort : il établit donc un asile [1] pour eux. Les grands criminels ne méritent point d’asile ; ils n’en eurent pas [2] . Les Juifs n’avoient qu’un tabernacle portatif, et qui cbangeoit continuellement de lieu ; cela excluoit l’idée d’asile. Il est vrai qu’ils dévoient avoir un temple ; mais les criminels qui y seroient venus de toutes parts, auroient pu troubler le service divin. Si les homicides avoient été chassés hors du pays, comme ils le furent chez les Grecs, il eût été à craindre qu’ils n’adorassent des dieux étrangers. Toutes ces considérations firent établir des villes d’asile, où l'on devoit rester jusqu’à la mort du souverain pontife.

  1. Nomb., ch. XXXV, v. 14. (M.)
  2. Ibid., V, 16 et suiv. (M.)
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