Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 150 —

Encore un journal du pays. Rien d’intéressant à y lire, sans doute. Mais comme il le dépliait machinalement, il vit, se détachant en lettres grasses dans la chronique locale, les mots Colonies de vacances qui attirèrent aussitôt son attention. Le journal disait que les colonies de Mondorf et d’Altwies étaient reconstituées, et que le nombre croissant des écoliers qu’y avaient envoyés les habitants de la ville faisait bien augurer du succès de l’institution. De divers côtés déjà, des propriétaires avaient envoyé des invitations aux jeunes colons, leur offrant des parties variées avec l’inévitable collation sous les arbres du jardin ou du parc.

— Notre ami, pensait M. Dubreuil, paraît avoir oublié la promesse qu’il m’a faite de nous faire visiter ces colonies de vacances. Il faudra que je la lui rappelle et que je l’amène à la tenir. Il est évident que j’y verrai quelque innovation bonne à proposer au comité du neuvième arrondissement. Pauvres petits Parisiens chétifs, puissé-je contribuer à faire améliorer leur situation pendant les prochaines vacances, et mériter ainsi le retour à la santé de ma chère enfant !…

Au même instant où son père s’encourageait ainsi dans ses charitables desseins, Marcelle revenait de la source, où elle buvait maintenant deux grandes verrées d’eau sans la moindre répugnance. Elle sautillait, la main dans la main de Raymonde, que sa bonne mine et son enjouement avaient consolée. Elle saluait d’un petit cri joyeux les fillettes de son âge qu’on rencontrait çà et là, déjà tout occupées de leurs raquettes, de leurs volants et de leurs poupées. Au dernier détour du chemin, comme le régisseur apparaissait, important et affairé, elle l’appela gaiement.