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en était venue à quelques personnes généreuses, connues pour la bienveillante protection dont elles entouraient l’enfance : elles avaient agité ensemble la question de l’opportunité d’un essai, s’y étaient mutuellement encouragées et, tout à coup décidées à tenter l’expérience, avaient fait annoncer par la presse que des colonies de garçons et de filles allaient incessamment s’ouvrir. Les membres du corps enseignant, auxquels elles s’étaient adressées pour trouver des surveillants, avaient sans une hésitation accepté de remplir cette tâche nouvelle ; les habitants de la ville avaient souri à l’idée des bonnes vacances que leurs enfants pourraient passer sans grande dépense, et au bout de quelques jours l’institution nouvelle entrait en pleine activité.

D’autre part on avait essayé, à la vérité, de faire échouer cette philantropique tentative : mais les résultats obtenus dès la première semaine avaient été concluants. Les enfants, ravis des promenades et des excursions qu’on leur faisait faire, de la vie joyeuse et saine qu’ils menaient aux colonies, n’avaient pas manqué de faire savoir aux mamans combien ils étaient heureux qu’on les y eût placés. Pas une plainte ne s’éleva : le succès était évident. C’était donc à bon droit qu’on s’était attendu à voir, cette année, les jeunes écoliers revenir en grand nombre aux colonies : leurs parents s’en étaient si bien trouvés l’an passé !

Tandis que M. Pauley racontait ainsi les tâtonnements préliminaires de l’œuvre philanthropique à laquelle lui-même avait fort généreusement contribué, on était arrivé à la sortie du village de Mondorf. Au dernier coude de la route, Marcelle, qui avait pris l’avance en trottinant, se trouva face à face