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Tout le monde se tut soudain, et l’orchestre entama la Marche nuptiale de Mendelssohn… Fernand Darcier était assis à l’extrémité du premier rang des spectateurs, immobile, le regard perdu, pris de l’angoisse d’une inexprimable inquiétude. Il avait vu M. Dubreuil prendre avec le docteur le chemin du bosquet, puis, plus tard, Raymonde qui rentrait à l’hôtel en courant, puis encore M. Dubreuil qui revenait seul, sortant de l’établissement. Aussitôt, il avait pris sa course pour rejoindre M. Petit. Il l’avait cherché chez lui, au casino, aux bains, l’avait demandé au régisseur, aux garçons de service, aux domestiques. Le docteur était demeuré introuvable.

Enfin, c’était un peu de patience à prendre : il allait arriver au kursaal, invité à la fête. Successivement les baigneuses, les baigneurs étaient entrés, Raymonde, Marcelle, puis M. Dubreuil en compagnie de M. Pauley et d’un inconnu : le concert maintenant commençait et le docteur n’avait point paru. Que fallait-il croire ?…

Une salve d’applaudissements éclata, puis le piano entama le prélude d’un grand air d’opéra. Tout le monde consultait son programme. Mais qu’est-ce que cela pouvait bien faire à Fernand ? Pour lui, c’était un air d’opéra quelconque, chanté par une demoiselle quelconque. L’important eût été de trouver le docteur. Il allait venir, oui certes ; il ne pouvait manquer à cette fête à laquelle il était le premier invité. Mais pourquoi n’y était-il pas encore arrivé ? Que cachait enfin ce mystère ? M. Petit cependant devait savoir avec quelle impatience il était attendu…

Un jeune homme monta sur la scène et débita