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Un porte-drapeau.
Le Temps a respecté, sur l’île de Montréal, de nombreux vestiges de l’époque des gouverneurs français — maisons de nobles seigneurs, sévères et charmantes à la fois, églises, petits fortins. Mais c’est surtout dans les noms des rues et des places publiques que se perpétue le Passé — Place d’Armes, Place d’Youville. rue Notre-Dame, rue du Pressoir, rue Jacques-Cartier, rues d’Iberville, de Vaudreuil, de Carignan, de Levis, et mille autres… dont la rue Ronsard n’est pas la moins touchante. Enfin, à quelques kilomètres du cœur de la cité, l’église de la Pointe-Claire date de 1750 ; près de là, de pittoresques ruines, à Sainte-Anne de Bellevue, ancien fief où les voyageurs français entendaient la messe avant de s’embarquer pour leurs lointaines excursions, évoquent encore ce moulin qu’en 1686 construisait le sieur Le Bert et qui devait servir de redoute ; admirablement reconstitué, le vieux fort de Senneville fut bâti en 1703 : Toujours dans la même région, après avoir traversé Bordeaux et Ahuntsic, nous arrivons au Sault-au-Récollet, paroisse fondée par les Sulpiciens, où l’on voit la croix
Greysolon Du Lhut.
de pierre des « voyageurs, » qui se trouvait au pied du « rapide du crochet, » endroit où l’on croit que Jacques Cartier, venu par la rivière des Prairies, serait descendu. Voici encore la croix du P. Viel, près des ruines du vieux fort de Lorette, où il y avait une mission de sauvages, (au printemps de 1625, le P. Nicolas Viel et son néophyte Ahuntsic y étaient traîtreusement noyés par des guides indigènes)… Le nom de la paroisse rappelle ce martyre.

Cette promenade pourrait se continuer indéfiniment. Montréal, théâtre successif des chasses et de la vie pastorale des sauvages, des luttes d’une poignée de colons barricadés derrière leurs palissades, des grandes élégances d’une petite cour exilée mais qui n’oubliait pas Versailles, de l’occupation anglaise, et enfin, d’une activité commerciale et industrielle égale à celle de Londres et de New