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AVANT-PROPOS



Je suis allé en Russie, en juin et juillet 1921, comme membre de la délégation du Parti Communiste français au troisième Congrès de la IIIe Internationale.

Les impressions enregistrées dans ce volume sont donc celles d’un homme que ses convictions et son passé faisaient d’avance favorable à la Révolution bolchevik.

Sont-elles d’un homme de parti pris ? Je ne le crois pas.

Il me paraît bien que j’ai apporté dans mon enquête toute l’impartialité qu’on est en droit de me demander.

Entendons-nous.

L’indifférence sereine est impossible. Nul ne peut, à l’heure actuelle, observer d’un œil « photographique » ce qui se passe dans la République soviétique.

La bataille dure depuis quatre ans entre Moscou et les gouvernements du monde. Chacun a ses passions, chacun participe peu ou prou dans son pays à un combat où la terre entière est mêlée.

Nul ne peut parler de ses péripéties comme les historiens en parleront plus tard et ceux qui prétendent les examiner du point de vue de Sirius se refusent simplement à avouer leur préférence.

Je proclame, moi, la mienne. Au lecteur, averti, de juger en conséquence. Il corrigera, s’il le croit nécessaire, mes récits en leur appliquant un coefficient de passion que je lui donne la possibilité d’apprécier.


Ce que j’ai vu est triste et grand.

Triste ? Parbleu ! Les révolutions ne ressemblent guère à des berquinades, et c’est dans la souffrance et la misère que le peuple des moujiks s’efforce aujourd’hui vers la liberté.