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chezlénine et trotski

Grand ? Oui. Quand les hommes, les femmes vous disent : « Nous, les générations adultes, nous nous savons sacrifiés, mais nous travaillons pour les enfants, pour l’avenir », vous direz ce que vous voudrez, c’est beau.

En tous cas, à quelque point de vue qu’on se place, les événements qui se déroulent en Russie sont, pour tout ce qui pense, émouvants.

Il se poursuit là-bas une expérience devant laquelle nul ne peut rester indifférent. Pour les uns, il faut qu’elle échoue, afin que se perpétuent les antiques injustices. Pour les autres, il faut qu’elle réussisse, car le bonheur universel en dépend.

Le moins qu’on en puisse dire, c’est qu’elle influencera fortement l’évolution démocratique du monde.

Et cependant, on en ignore à peu près tout.

Nous n’avons, de la Russie, jamais connu grand chose. Lorsqu’on essaie d’étudier ce qui constituait dans le passé sa structure — cette idée bizarre m’est venue… à mon retour de Moscou — on s’aperçoit avec stupeur qu’il n’a été écrit autant dire aucun livre, que l’Empire des tsars, d’Anatole Leroy-Beaulieu, paru en 1882, avec l’Histoire de Russie, de Rambaud, presque aussi ancienne, représentent à peu près toute la bibliographie et que l’Afrique centrale a donné lieu, somme toute, à des travaux infiniment plus nombreux.

Depuis 1917, c’est pis. Nous avons collectionné les mensonges. À défaut de renseignements sérieux que le blocus interdisait d’aller quérir, des pamphlets où l’esprit de haine remplaçait l’esprit critique ont égaré l’opinion.

Plusieurs étrangers sont entrés en Russie : Ransome, Russel, Wells, Lansbury, Brailsford, Clare Sheridan. Eux seuls nous ont apporté quelques éléments de connaissance.

Certains Français aussi sont allés là-bas, mais de ce qu’ils ont écrit, mieux vaut ne pas parler. En ces derniers temps, Mlle Louise Weiss s’est