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énigmes l’histoire lumineuse et authentique d’une langue et d’une religion, et parvenir à nous donner le dictionnaire et la grammaire de l’idiome qui se parlait chez les ancêtres de Zoroastre et de Darius, fils d’Hystaspe.

Eugène Burnouf avait alors trente-deux ans.

La solution de ce problème lui donnait la clef d’un autre non moins compliqué, non moins important. Que pouvaient signifier les pages écrites sur les rochers de Persépolis et d’Hamadan en traits bizarres, inextricables, devant lesquelles tant de siècles avaient passé sans y comprendre rien, depuis que l’Asie, hellénisée par la conquête d’Alexandre et le règne des Séleucides, avait vu ensuite les derniers restes des traditions persanes fuir au loin l’invasion de l’islamisme ou se perdre sous son empire ? Sur des rapprochements ingénieux de circonstances locales et de quelques récits des auteurs grecs, sur des présomptions tirées de la place et du retour de certains mots, on avait tenté un essai d’interprétation probable, hasardeuse ; Grotefend avait deviné les noms de Darius et de Xerxès ; Saint-Martin et le docteur Rask de Copenhague, le titre de roi des rois. Mais, pour déterminer la valeur de ces caractères et de ces syllabes, connaissait-on l’orthographe des mots ? Savait-on à quelle langue ils appartenaient ? On conjecturait très habilement, très doctement, mais on ne savait pas lire. L’interprète des textes zends débrouilla ces obscurités, et remplaça les hypothèses par l’explication démonstrative. Il connut, lui, le langage de l’inscription. Il rétablissait les mots orthographiquement, et des noms rétablis il déduisait les caractères, il lisait ; il était près de rendre aux vieilles annales de la Perse un ordre nouveau de monuments historiques, autant que les actes