Page:Nemo - L’Amitié, 1884.djvu/27

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Rien que sa vue fait du bien, donne du calme.

On a le cœur serré, dans le vague et la mélancolie.

Il se dilate ; le doux contentement, la joie a reparu, et, si la rigidité de notre langue s’y pouvait plier, suivant une expression jolie, on cueille un instant de félicité.

En cette affable et mutuelle communication, pure comme la lumière qui se joue dans l’azur du ciel serein, on sent son âme et l’âme de son ami n’en faire qu’une, mais double en force.

Qui possède un ami et ne l’a pas senti ? Qui jamais n’en fit la remarque ? De ses yeux, de tout son visage, le nuage s’écarte, quelque chose de lumineux dans les traits, un jour nouveau se fait, tant l’état de l’âme est celui du corps.

Que d’ennuis accablants dissipés au contact d’un ami ! Que de peines et d’angoisses adoucies !

Souvent, on n’a rien à dire et l’on ne dit point tout ce qu’on avait à dire. Cependant, on n’est jamais à court.

Il semble une source qui coule, qui coule… les paroles sortent de la bouche comme d’une eau profonde. On parlerait éternellement.

Autant on s’aborde avec joie, autant on se quitte avec regret.