Page:Nietzsche - Considérations Inactuelles, II.djvu/116

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d’une massue, mais, pour vaincre, une baguette lui eût suffi. Cette génération est composée des héritiers et des descendants de’ces faux-penseurs dont les têtes à l’envers reçurent ses coups. Ils ont assez l’air de nourrissons et de nains pour faire penser à ce verset de l’Inde : C’est d’après leurs actes que naissent les hommes, sots, muets, sourds, difformes. » Ces pères méritent une pareille descendance, conformément à leurs « actes », comme dit le verset. Il faut donc croire que la jeunesse É académique se tirera certainement bientôt d’atTaire sans la philosophie que l’on enseigne à ses universités et t que les gens qui n’appartiennent pas aux milieux universitaires s’en passent déjà aisément. Que chacun songe donc à ses propres années d’étudiant. Pour moi, par exemple, les philosophes académiques étaient des hommes parfaitement indifférents, je les tenais pour des gens qui açcommodaient à leur usage les résultats des autres sciences, qui, durant leurs heures de loisirs lisaient les journaux et fréquentaient les concerts et que leurs collègues académiques traitaient du reste avec un mépris agréablement masqué. On les supposait très ignorants, toujours prêts à se tirer d’embarras par une tournure de phrase qui obscurcissait leur pensée, de façon à faire’illusion sur leur savoir. Ils se tenaient l’donc de préférence dans ces endroits crépusculaires, où un homme au regard limpide ne saurait séjourner longtemps. L’un soulève contre les’sciences naturelles l’objection qu’aucune n’est capable d’expliquer complètement le problème élémentaire de la vie et en conclut qu’elles luisont toutes indifférentes. Un autre prétend que l’histoire n’apporte rien de nouveau à celui qui a des idées.