Page:Nietzsche - Considérations inactuelles, I.djvu/241

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lui-même, dans le plus petit cercle égoïste, où il se dessèche. Il parviendra peut-être à l’habileté, jamais à la sagesse. Il laisse alors composer avec lui, il compte avec les faits dont il s’accommode, il ne s’emporte plus avec colère, mais il cligne de l’œil et s’entend à chercher son propre avantage ou l’avantage de son parti, dans l’avantage ou le préjudice des autres. Il désapprend la honte superflue et devient ainsi, petit à petit, ce que Hartmann appelle l’ « homme », ce que Hartmann appelle le « vieillard ».

Mais on veut qu’il devienne ainsi ; c’est là le sens de ce « plein abandon de la personnalité au processus universel » que l’on réclame avec tant de cynisme — on le veut, à cause de son but qui est la délivrance du monde, comme nous l’affirme Eduard von Hartmann, l’espiègle. Or, la volonté et le but de ces « hommes », de ces « vieillards » de Hartmann, peut être difficilement la délivrance du monde, car certainement le monde serait délivré, s’il était délivré de ces hommes et de ces vieillards. Car alors commencerait le règne de la jeunesse.

10.

En cet endroit, songeant à la jeunesse, je m’écrie : Terre ! Terre ! C’en est assez et plus qu’assez des recherches passionnées, des voyages à l’aventure, sur les mers sombres et étrangères ! Enfin la