ment reconnaissant aux indianisants d’être à même de
les comparer maintenant. — Le bouddhisme est cent
fois plus réaliste que le christianisme, — il porte,
comme héritage, la faculté de savoir objectivement et
froidement poser les problèmes, il vient après un
mouvement philosophique de plusieurs siècles ; l’idée de
« Dieu », dans sa genèse, est déjà fixée quand il arrive.
Le bouddhisme est la seule religion vraiment
positivite que nous montre l’histoire, même dans sa théorie
de la connaissance (un strict phénoménalisme —) il
ne dit plus « lutte contre le péché », mais, donnant
droit à la réalité, « lutte contre la souffrance ». Il a
déjà derrière lui, et cela le distingue profondément
du christianisme, l’illusion volontaire des
conceptions morales, — il se trouve placé, pour parler mon
langage, par delà le bien et le mal. — Les deux faits
physiologiques qu’il prend pour base et qu’il
considère sont : d’abord, une hypertrophie de la
sensibilité, qui s’exprime par une faculté de
souffrir raffinée, ensuite une hyperspiritualisation,
une vie trop prolongée parmi les idées et les
procédures logiques, ou l’instinct personnel a été levé
en faveur de l’impersonnalité. (— Deux états que du
moins quelques-uns de mes lecteurs, les « objectifs »
comme moi, connaissent par expérience.) En raison
de ces conditions physiologiques, une depression s’est
produite, une dépression que Bouddha combat par
l’hygiène. Il emploie, comme remède, la vie en plein
air, la vie ambulatoire, la tempérance et le choix des
aliments, des précautions contre les spiritueux,
contre tous les états affectifs qui font de la bile, qui
échauffent le sang : point de soucis, ni pour soi ni
Page:Nietzsche - Le Crépuscule des Idoles - Le Cas Wagner - Nietzsche contre Wagner - L'Antéchrist (1908, Mercure de France).djvu/265
Apparence
(Redirigé depuis Page:Nietzsche - Le Crépuscule des idoles.djvu/265)
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
L’ANTÉCHRIST