lique. Ce n’est pas sa « foi » qui distingue le chrétien;
le chrétien agit, il se distingue par une manière
d’agir différente. Il ne résiste à celui qui est méchant
envers lui, ni par des paroles, ni dans son cœur. Il ne
fait pas de différence entre les étrangers et les
indigènes, entre juifs et non-juifs (« le prochain »,
exactement le coreligionnaire, le juif). Il ne se fâche
contre personne, il ne méprise personne. Il ne se
montre pas aux tribunaux et ne s’y laisse point
mettre à contribution (« ne pas prêter serment »).
Dans aucun cas il ne se laisse séparer de sa femme,
même pas dans le cas d’infidélité manifeste. Tout
cela est au fond un seul axiome, tout cela est la
suite d’un instinct. —
La vie du Sauveur n’était pas autre chose que cette pratique, — sa mort ne fut pas autre chose non plus… Il n’avait plus besoin ni de formules, ni de rites pour les relations avec Dieu — pas même de la prière. Il en a fini de tout l’enseignement juif de la repentance et du pardon ; il connaît seul la pratique de la vie qui donne le sentiment d’être « divin », « bienheureux », « évangélique », toujours « enfant de Dieu ». La « repentance », la « prière pour le pardon », ne sont point des chemins vers Dieu : la pratique évangélique seule mène à Dieu, c’est elle qui est « Dieu ». — Ce qui fut détrôné par l’Évangile, c’était le judaïsme de l’idée du « péché », du pardon des « péchés », de la « foi », du « salut par la foi », — toute la dogmatique juive était niée dans le « joyeux message ».
L’instinct profond pour la manière dont on doit vivre, afin de se sentir « au ciel », afin de se sentir