empoisonnent le cœur. — Et c’est là un spectacle pour les dieux — pour ces divinités qui sont en même
temps des philosophes et que j’ai rencontrées, par
exemple, dans ces célèbres dialogues de Naxos. Au
moment où le dégoût les quitte (et nous quitte
nous !) ils deviennent reconnaissants pour le
spectacle que leur procure le chrétien : la petite étoile,
misérablement petite, qui s’appelle la Terre, mérite
peut-être seule, à cause de ce curieux cas, un intérêt
divin, un regard divin… Mais ne mésestimons pas le
chrétien : le chrétien, faux jusqu’à l’innocence, dépasse
de beaucoup le singe ; — en ce qui concerne le
chrétien, la théorie de descendance devient une pure
amabilité…
— Le sort de l’Évangile se décida au moment de la mort, il était suspenduà la « croix »… Ce fut la mort, cette mort inattendue et ignominieuse, la croix qui généralement était réservée à la canaille, — cet épouvantable paradoxe seul amena les disciples devant le véritable problème : « Qui était-ce ? qu’était cela ? » — On ne comprend que trop bien le sentiment ému et offensé jusqu’au fond de l’être, l’appréhension qu’une pareille mort puisse être la réfutatlon de leur cause, le terrible point d’interrogation : « Pourquoi en est-il ainsi ? » — Là tout devait être nécessaire, avoir un sens, une raison, une raison supérieure ; l’amour d’un disciple ne connaît pas le hasard. Alors seulement s’ouvrit l’abîme : « Qui est-ce qui l’a tué ? qui était son ennemi naturel ? » — Cette question