explique pourquoi, en général, une telle sorte
d’hommes existe. Mais cela fait qu’elle est le
contraire, l’antagoniste, de la véracité, — de la
vérité… Le croyant n’a pas la liberté d’avoir une
conscience pour la question du « vrai » et du
« faux » : ici la probité serait sa perte. La
dépendance pathologique de son optique fait du fanatique
un convaincu — Savonarole, Luther, Rousseau,
Robespierre, Saint-Simon — le type contraire des
esprits forts et libérés. Mais la grande attitude de
ces esprits malades, de ces épileptiques des idées,
agit sur les masses, — les fanatiques sont
pittoresques, l’humanité préfère voir des attitudes que
d’entendres des raisons…
— Un pas de plus dans la psychologie de la conviction, de la « foi ». Il y a longtemps déjà que j’ai fait remarquer que les convictions sont peut-être des ennemis plus dangereux pour la vérité que les mensonges (Humain, trop humain, Aph. 483). Ici je voudrais poser la question définitive : Existe-t-il, d’une façon générale, une antithèse entre le mensonge et la conviction ? — Tout le monde le croit, mais qu’est-ce que tout le monde ne croit pas ? — Toute conviction a son histoire, ses formes primitives, ses tentatives et ses méprises : elle devient conviction, après ne l’avoir point été pendant longtemps et sans qu’elle puisse le rester. Comment ! sous cette forme embryonnaire de la conviction, ne pourrait-il y avoir un mensonge ? — Quelquefois il n’est besoin que d’un