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LE PLAISIR DES OISEAUX


Ô bonheur des oiseaux, leur plaisir à l'aurore !
C'était le calme frais ; gerbe aiguë et sonore,
Leur cri vient tout brouiller dans le paisible azur !
Ils frappent d'un bec noir quelque invisible mur ;
Une confusion que nul conseil n'arrange
Les faits se disputer au milieu des louanges.
Ils s'expliquent dans l'ombre humide des buissons.
Et puis, soudain, laissant leurs futiles chansons,
Étourdis de reflets, de bouquets, de rosée,
De rosée azurée à leurs plumes posée,
Ils volent, ivres d'air, de conquête, d'amour.
Le soleil les séduit comme une jaune tour.
Vers quel but enflammé, vers quelle errante cible
Vont-ils, ainsi lancés par un arc invisible ?
Tous les arbres avec des parfums précieux
Sont leurs tapis moelleux et touffus sous les cieux.
L'odeur que nous goûtons, quand, couchés sur le sable
Nous bénissons les bois d'un regard ineffable,