Page:Nodier - Thérèse Aubert, 1896.djvu/110

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fiât des sentiments que je pouvais lui inspirer. L’expression si naïve et si familière de ses traits était devenue sérieuse et même sombre.

Souvent, quand mes yeux rencontraient les siens, et qu’ils les forçaient pour ainsi dire à rester fixés sur moi par l’ascendant qu’exerce un amour fortement senti sur la personne qui l’inspire, le nuage de douleur qui les obscurcissait me causait une sorte de regret et de crainte.

Je me trouvais heureux d’occuper sa vie et même de faire naître dans son cœur l’idée des orages qu’éprouvait le mien ; mais la pensée que ce pouvait être pour elle un malheur de m’aimer brisait