Page:Notices sur M. le comte Chaptal, et discours prononcés sur sa tombe, le 1er août 1832.djvu/52

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s’il voulait transporter au delà des Pyrénées les industries qu’il avait créées pour le Languedoc.

Plus tard encore, en 1793, aux jours où l’opulence et les talens réunis mettaient surtout leur possesseur en péril, la reine de Naples fit offrir à Chaptal un asile dans son royaume.

En acceptant de telles offres, Chaptal aurait perdu la faculté de rendre de nouveaux services à sa patrie ; il n’aperçut que cette perte, et pour l’éviter il sacrifia sans hésitation, sans regrets, les trésors, le refuge, le salut qu’on lui présentait.

Dans la même année 1793, où Naples lui proposait cet asile et ces faveurs, le terrible gouvernement qui nous régissait alors la hache à la main demandait à Chaptal de prendre la direction des ateliers qu’on voulait improviser : le soupçon attendait la réussite, et la mort l’insuccès. Mais la France était attaquée par l’Europe entière. Nos défenseurs héroïques allaient manquer d’armes, de projectiles et de poudre, et bientôt n’auraient pu rendre la mort que l’étranger portait dans nos rangs. Chaptal ne vit que le danger de la patrie : il mit sa tête et son génie aux ordres des décemvirs qui commandaient au nom de la défense nationale.

Lorsqu’il arriva dans la capitale, il trouva tout ce que la France avait de savans illustres prêts à partager avec lui le travail des ateliers patriotiques.

Chaptal, Berthollet, Monge ! amis immortels, qui désormais allez être réunis dans une même enceinte, au séjour des tombeaux, comme vous le fûtes aux