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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM

champs et des bois. Rien ne vaut mieux que le grand air, l’atmosphère embaumée, les exhalaisons même des étables, pour rétablir les personnes délicates. Profitez de la liberté que la Providence vous a donnée pour vivre plus que vous n’avez fait jusqu’ici à la campagne ; le corps s’en trouve mieux et le cœur aussi. Le séjour de la campagne est plein d’enseignement et de consolations dont nous nous privons en nous enfermant dans les murs de nos villes.

Ce n’est pas que vous perdiez votre temps à Sens, et je vous félicite de tout ce que vous y faites pour le bien public. Nous avons ce bonheur, nous autres catholiques, que notre cause veut être servie en même temps de deux manières qui se prêtent la diversité des esprits il lui faut des hommes de guerre et des hommes de paix, la croisade de la polémique et le prosélytisme de la charité. J’admire ceux qui combattent glorieusement sur la brèche, mais je ne puis me défendre de préférer pour nos amis et pour moi cet autre ministère moins dangereux, s’il est moins éclatant. Vous faites plus que vous ne pensez en multipliant, comme vous dites, les terrains neutres, et en— ajoutant un cercle à votre société de sciences et de lettres. Le bien de ces sortes d’institutions est si évident, qu’il effraye nos plus clairvoyants adversaires. Il y a quelques jours, étant au corps de garde pour mes péchés et pour le service de la patrie, j’en--