Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/474

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une goutte de malaga à votre santé. J’espère que vous nous avez rendu la pareille avec un certain frontignan dont je n’ai pas perdu le souvenir. Demain, à quatre heures du matin, départ pour Gênes. C’est la dernière étape fatigante qu’il nous reste à faire, mais par cet admirable chemin de la Corniche. Ah que tout ce pays me rappelle notre pauvre père ! qu’il en parlait souvent ! C’était le théâtre de ses premières campagnes, et il avait fait bien des fois le coup de feu contre les montagnards piémontais. Je pense beaucoup à lui, et penser à lui, n’est-ce pas en même temps se souvenir de vous ?

Durant cette partie de notre voyage qui commence à devenir longue, les douleurs n’ont pas reparu. Mais pour ne pas laisser chômer ma patience et ta tendresse, il est survenu quelque chose de nouveau. À Toulon, à force de courir, de visiter la terre ferme. et les vaisseaux, les pieds enflaient de plus belle et j’avais des spasmes ; là-dessus, consultation du docteur Magagnos, major de l’hôpital militaire, professeur de clinique, etc. Le docteur m’ausculte, il trouve aussi un peu de dilatation au cœur, mais rien de dangereux, et me permet de passer outre, à condition de prendre de la digitale. Enfin j’espère que cette petite épreuve ne se prolongera pas, et que le bon Dieu me l’aura envoyée à ce renouvellement de l’année pour me faire dire « Volo quomodo vis, volo quandiu vis … »