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d’applaudir, s’ils comprenaient, ou si quelqu’un leur traduisait le passage où l’étranger les appelait « un peuple de rois sortis des murs d’Ilion, que Dieu, le maître du monde, choisit pour leur livrer les terres, les villes et les nations captives. » Comment Charlemagne aurait-il résisté à de si beaux vers ? En retour, il donnait aux exilés d’Irlande ce qu’ils estimaient plus que l’or et l’argent, ce qu’ils venaient chercher de si loin un lieu paisible pour étudier, et des disciples à instruire. Un exil entouré de tant d’honneurs finit par devenir souhaitable et, au milieu du neuvième siècle, Héric d’Auxerre représentait « l’Hibernie entière passant les mers au mépris des tempêtes, et venant, avec ses troupeaux de philosophes, se jeter sur nos rivages[1]. »

L'Angleterre.

Mais déjà la gloire de l’Irlande avait pâli devant

  1. Versus hibernicus exulis, apud Mai, Script. t. V, p. 405, mais déjà publiés par Durand et Martène, Amplissima collectio, t. 1.

    Dum proceres mundi regem venerare videntar,
    Ponderibus vastis ingentia dona ferentes,
    Immensum argenti pondus fulgentis et auri,
    Gemmarum cumulos sacro stipante metallo.
    Spumantes et equos flavo stringente capistro.
    Die mihi quae pariter reddemus, garruli musa ?.
    0 sola ante alias cantus dulcedine capta,
    Divitiis orbis praevertens carmina musa
    « 0 gens regalis, profecta a mœnibus altis
    Trojae! nam patres nostros his appulit oris,
    Tradidit atque illis hos agros, arbiter orbis.
    Hos fines amplos, capiendas funditus urbes.

    Hericus monachus, Epist. Ad Carolum calvum, apud Bolland., A. SS. Jul., t. VII, p. 222 « Quid Hiberniam memorem, contempto pelagi discrimine, pene totam cum grège philosophorum ad littora nostra migrantem ? »